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Lettre d'information sur le Sommet pour l'action sur l'IA #1
Bienvenue sur la lettre d'information relative au Sommet pour l’action sur l’IA, une brève lettre d'information bi-mensuelle de l'Institut “Future of Life” (FLI) par Imane Bello qui vous fournit des informations actualisées et des analyses sur la préparation du Sommet pour l’action sur l’IA et son contexte.
Points clés :
Le Sommet aura lieu les 10 et 11 février 2025.
Les membres de la société civile s’intéressant au Sommet sont invités par Anne Bouverot et Martin Tisné à un webinar le 4 septembre à 13h CET.
Le contexte politique : Il n'y a pas, à ce jour, de nouveau gouvernement français. Bien que la situation politique en France soit complexe, elle ne semble pas, pour l'instant, affecter significativement la planification du Sommet.
L’analyse : La France semble vouloir proposer une nouvelle forme de gouvernance mondiale de l’IA, qui, pour être soutenable, nécessite un travail de convergence internationale conséquent.
La question : Quels seront les livrables ?
Le mot : Prudence.
Processus de préparation
Cinq groupes de travail sont en cours, dirigés par des envoyés thématiques :
l'IA au service de l'intérêt public (Martin Tisné) ;
l'avenir du travail (Sana de Courcelles) ;
l'innovation et la culture (Roxanne Varza) ;
l'IA de confiance (Guillaume Poupard) ;
la gouvernance mondiale de l'IA (Henri Verdier).
Le Sommet est conceptualisé par
Anne Bouverot (Envoyée spéciale du Président) ;
Arno Amabile (Conseiller de l’envoyée spéciale) ;
Philippe Huberdeau (Secrétaire Général) ;
Chloé Goupille (Secrétaire Générale adjointe) ;
Les envoyés thématiques susvisés ;
Le comité de pilotage (composé d'organisations internationales, membres de la société civile, représentants du monde académique et entreprises) ;
L’Élysée.
La structure prévue inclut :
Un festival : Une série d'événements sur l'IA et la création dans Paris ;
Un forum : Une “journée de l’écosystème” avec des représentants de start-ups, sociétés privées, monde académique, société civile et artistes ;
Le Sommet : Le Sommet en soi, avec, entre autres, une centaine de pays représentés.
Contexte politique
La dissolution inattendue de l’Assemblée nationale a donné place en juin à des élections anticipées. La nouvelle Assemblée nationale est fragmentée : des négociations pour former une éventuelle coalition ou un gouvernement technique ont eu lieu, et ont donc ralenti la nomination d’un nouveau gouvernement.
Le Premier ministre Gabriel Attal a remis, le 8 juillet, la démission de son gouvernement au président de la République qui l'a acceptée le 16. Cependant, le gouvernement reste en place pour assurer les affaires courantes. Emmanuel Macron a en effet confirmé que le gouvernement démissionnaire resterait en place au moins « jusqu’à la mi-août ».
Emmanuel Macron a démarré, vendredi 23 août, une série de consultation des chefs de partis et de groupes parlementaires en vue de nommer un Premier ministre. Les consultations se poursuivent et certains s’attendent à une deuxième vague, ce qui repousserait l’échéance.
Quant à l’opposition, le NFP est prêt à ne pas nommer des ministres issus de LFI si Lucie Castets est nommée première ministre et leur programme est appliqué. LFI assure qu’il censurera tout gouvernement formé autour de Bernard Cazeneuve. Le RN, lui, annonce qu’il censurera tout gouvernement de gauche avec ou sans la présence de ministres LFI. Les LR, eux, rejettent le programme de la gauche et annoncent qu’un programme inspiré de LFI subirait une censure de leur part.
Si Emmanuel Macron ne dispose plus de majorité pour gouverner, les rencontres internationales, telles que le Sommet, sont considérées comme une prérogative présidentielle (Articles 14 et 52 de la Constitution française).
Bien que la situation politique en France soit complexe, elle ne semble donc pas, pour l'instant, affecter significativement la planification du Sommet.
Analyses
Vision française du Sommet
Les équipes françaises semblent vouloir proposer une vision alternative de la gouvernance mondiale de l’IA, en inscrivant le Sommet dans le prolongement :
Tant du Sommet de Bletchley Park qui avait notamment donné lieu à l’établissement d’instituts nationaux de sécurité de l’IA et à des engagements relatifs à l’évaluation ante- et post-deploiement de modèles de frontière ;
Que du Sommet de Séoul qui avait été le lieu de présentation du rapport intérimaire du premier rapport scientifique international sur la sécurité de l’IA avancée ;
Et d’autres sommets et rencontres internationales relatives à l’IA.
La vision française serait la suivante : “contribuer à un espace de convergence internationale” en promouvant “une vision reconnaissant les risques, mais aussi soulignant les bénéfices de cette technologie”.
Plus précisément, la France semble vouloir prendre ses distances par rapport au sommet de Bletchley Park et ses discussions sur les risques associés aux systèmes dits de “frontière”, dotés de capacités dangereuses, par exemple en cas de mauvaise utilisation ou de perte de contrôle.
Publié en mars dernier sous la direction d’Anne Bouverot, le rapport de la commission française sur l’IA, suggère en effet que ces risques, bien qu’importants et justifiant de rester vigilant, sont parfois utilisés pour légitimer des barrières à l’entrée conduisant à une concentration du développement (et du pouvoir économique) dans les mains d’acteurs déjà dominants.
Membre clé de nombreuses organisations en gouvernance de l’IA, la France est forte d’une influence internationale significative et d’un réseau diplomatique solide. Elle publiait, avec la Chine, une déclaration conjointe sur la gouvernance globale de l’IA.
La France est donc une excellente candidate pour proposer une autre vision de la gouvernance internationale de l’IA.
Défis et opportunités
Le discours relatif aux opportunités de l’IA inspire. Toutefois, la nouvelle vision des risques doit être affinée. Il s’agira de souligner si, et dans quelle mesure, la nature des solutions qui seront proposées, s’opposeront à des points de convergence internationaux pourtant déjà formalisés.
Reste donc à déterminer si:
la communauté internationale peut être convaincue que les préoccupations françaises ne visent pas uniquement à protéger ses propres champions de l’IA, sur le modèle du “revirement français sur le règlement IA”, et,
si l’opinion publique et l’avis des experts, appelant à la prudence sur les mêmes risques que la France semble vouloir mettre en retrait, peut se ranger derrière cette nouvelle proposition.
Dans ce contexte, la question du moment est donc : quelles seront les propositions de livrables du Sommet pour l’action sur l’IA ?
Le mot de la fin
Le mot de la fin pour cette première édition : prudence. C’est ce dont semble faire preuve l’ensemble des équipes travaillant de près ou de loin sur le Sommet.
A écouter :
Anne Bouverot sur POLITICO Tech ;
A lire :
France’s AI Summit Is a Chance to Reshape Global Narratives on AI, Carnegie Endowment, Hadrien Pouget
A dessiner :
des moutons*.
*Cette référence au dessin de moutons fait écho à un passage célèbre du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Dans l'histoire, l'aviateur tente de dessiner un mouton pour satisfaire le Petit Prince, mais ses efforts répétés échouent. Finalement, il dessine une simple boîte et déclare que le mouton est à l'intérieur, ce qui comble le Petit Prince. Cette anecdote résonne avec la perception actuelle des systèmes d'IA, souvent décrits comme des "boîtes noires". La boîte symbolise ainsi un espace ouvert à l'interprétation, où chacun peut projeter sa propre imagination et créativité, un peu comme le Sommet pour l’instant.
Bonjour. Si vous recevez cette première édition de mon Substack par courrier électronique, c'est que nous avons déjà eu des échanges par le passé. N'hésitez pas à me faire savoir sur ima[at] futureoflife.org si vous préférez ne pas les recevoir. N'hésitez pas non plus à me faire part de vos commentaires, de votre désaccord avec ce qui suit ou de votre souhait de lire une analyse particulière à l'avenir.
AI Action Summit Newsletter #1
Welcome to the AI Action Summit Newsletter, a brief biweekly newsletter by Imane Belle from the Future of Life Institute providing you with up-to-date developments and analyses of the preparation of the AI Action Summit and its context.
Key points:
The Summit will take place on February 10 and 11, 2025.
Civil society members interested in the Summit are invited by Anne Bouverot and Martin Tisné to a webinar on September 4 at 1 PM CET.
Political context: To date, there is no new French government. Although the political situation in France is complex, it does not seem, for now, to significantly affect the Summit planning.
Analysis: France seemingly wants to propose a new form of global AI governance, which, to be sustainable, requires substantial international convergence work.
The question: What will be the deliverables?
The word: Caution.
Preparation process
Five working groups are ongoing, led by thematic envoys:
AI for public interest (Martin Tisné);
The future of work (Sana de Courcelles);
Innovation and culture (Roxanne Varza);
Trustworthy AI (Guillaume Poupard);
Global AI governance (Henri Verdier).
The Summit is conceptualized by:
Anne Bouverot (President's Special Envoy);
Arno Amabile (Advisor to the Special Envoy);
Philippe Huberdeau (Secretary General);
Chloé Goupille (Deputy Secretary General);
The aforementioned thematic envoys;
The steering committee (composed of international organizations, civil society members, representatives from academia and businesses);
The Elysée.
The planned structure includes:
A festival: Series of events on AI and creation throughout Paris;
A forum: An "ecosystem day" with representatives from startups, private companies, academia, civil society, and artists;
The Summit: The main event itself, with, among others, about a hundred countries represented.
Political context
The unexpected dissolution of the National Assembly led to early elections in June. The new National Assembly is fragmented: negotiations to form a possible coalition or technical government have taken place, thus slowing down the appointment of a new government.
Prime Minister Gabriel Attal submitted the resignation of his government to the President of the Republic on July 8, which was accepted on the 16th. However, the government remains in place to handle current affairs. Emmanuel Macron indeed confirmed that the resigning government would remain in place at least “until mid-August”.
On Friday August 23th, Emmanuel Macron began a series of consultations with party leaders and parliamentary groups in order to appoint a Prime Minister. These consultations are currently still ongoing, and some are expecting a second wave, which would push back the deadline.
As for the opposition, the New Popular Front (“NFP”) has declared they would not appoint ministers from the far-left (“LFI”), should their nominee Lucie Castets be appointed Prime Minister and their program be implemented. As for the far-left, (“LFI”), they indicated they would censure any government formed around Bernard Cazeneuve. The extreme right for its part (“RN”) has announced that it would simply censure any left-wing government. The right-wing party, (“LR”), for their part, rejected the left-wing program and announced that a program inspired by the far-left would be censured by them.
To date, there is no new French government.
While Emmanuel Macron no longer has a majority to govern, international meetings, such as the Summit, are considered a presidential prerogative (Articles 14 and 52 of the French Constitution).
Although the political situation in France is complex, it therefore does not seem, for now, to significantly affect the Summit planning.
Analyses
French vision of the Summit
The French teams seem to want to propose an alternative vision of global AI governance, by positioning the Summit as a continuation of:
Both the Bletchley Park Summit, which notably led to the establishment of national AI safety institutes and commitments related to the pre- and post-deployment evaluation of frontier models;
And the Seoul Summit, which was notably the venue for presenting the interim report of the first international scientific report on advanced AI safety;
Along with other summits and international meetings related to AI.
The French vision would be as follows: “to contribute to a space of international convergence” by promoting “a vision recognizing the risks, but also highlighting the benefits of this technology”.
More specifically, France seems to want to distance itself from the Bletchley Park Summit and its discussion of the risks associated with frontier systems with dangerous capabilities, e.g., misuse and loss of control.
Published last March under the direction of Anne Bouverot, the report of the French AI commission suggests that these risks, although important and justifying vigilance, are sometimes used to legitimize entry barriers leading to a concentration of development (and economic power) in the hands of already dominant actors.
A key member of many AI governance organizations, France has significant international influence and a solid diplomatic network. It notably published, with China, a joint declaration on global AI governance.
France is therefore an excellent candidate to propose another vision of international AI governance.
Challenges and opportunities
The discourse on AI opportunities is inspiring. However, the new vision of risks needs to be refined. It will be necessary to highlight if, and to what extent, the nature of the solutions that will be proposed will oppose international convergence points that have already been formalized.
It remains to be determined whether:
1. The international community can be convinced that French concerns are not solely aimed at protecting its own AI champions, following the model of the “French reversal on the EU AI Act”, and;
2. Whether public opinion and expert advice, calling for caution on the same risks that France seems to want to downplay, can align behind this new proposal.
In this context, the question of the moment is therefore: what will be the proposed deliverables of the AI Action Summit?
The final word
The final word for this first edition: caution. This seems to be what all the teams working closely or remotely on the Summit are exercising.
To listen to:
Anne Bouverot on POLITICO Tech.
To read:
France's AI Summit Is a Chance to Reshape Global Narratives on AI, Carnegie Endowment, Hadrien Pouget.
To draw:
sheep*.
*This reference to drawing sheep alludes to a famous passage from Antoine de Saint-Exupéry's The Little Prince. In the story, the aviator tries to draw a sheep to please the Little Prince, but his repeated attempts fail. Finally, he draws a simple box and declares that the sheep is inside, which delights the Little Prince. I think it resonates with the current perception of AI systems, often described as "black boxes". The box thus symbolizes a space open to interpretation, where everyone can project their own imagination and creativity - just like the Summit, for now.
Hi. If you are receiving this first edition of my Substack by email, we’ve interacted in the past. Please do let me know on ima [at] futureoflife.org if you’d rather not receive these. Also do let me know if you have any feedback, disagree with the below or wish to read particular analyses in the future.